COVID-19 : 15 % des formes graves s’expliquent par des anomalies génétiques et immunologiques

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Pourquoi la réponse à l'infection par le virus SARS-CoV2 varie-t-elle autant d’une personne à l’autre ? Un grand consortium international a identifié les premières causes génétiques et immunologiques expliquant 15% des formes graves de Covid-19.

"L’hypothèse est que ces malades ont des variations génétiques qui sont silencieuses jusqu’au moment de la rencontre du virus", explique le Pr Jean-Laurent Casanova, codirecteur du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, basé à Paris et à New York. Le Pr Casanova a lancé au début de la pandémie le "Covid human genetic effort", qui a recruté des patients en Chine, en Iran, en Amérique du Nord ou encore en Belgique. Cinq mois plus tard, les résultats commencent à être connus. Ce consortium de chercheurs a publié la première étude, selon Science, à établir un lien indiscutable entre des mutations génétiques pathogènes et des cas sévères de Covid-19. L’équipe a analysé l’ADN de 654 patients sévères "inexpliqués" (comparés à 534 patients peu ou asymptomatiques) en se focalisant sur 13 gènes impliqués dans une voie de la réponse immunitaire qui pouvait influencer la sévérité d’un Covid-19. Ces 13 gènes étaient déjà connus pour être impliqués dans des formes sévères de grippe. Quel que soit leur âge, les personnes porteuses de variants pathogènes rares au niveau de ces 13 gènes seraient plus à risque de développer une forme potentiellement mortelle de Covid-19 (et/ou de grippe). Plus précisément, ces variants génétiques rares diminuent la production et/ou la réponse des "interférons", des puissantes molécules antivirales. Ces interférons ou IFN, de type 1, sont considérés comme la première ligne de défense contre l’attaque virale.

 

Une nouvelle piste thérapeutique

Selon les conclusions de cette étude, la prise précoce d’IFN de type 1 chez ces patients pourrait être une piste thérapeutique. "Chez des patients chez qui le Covid prend des proportions inattendues ou semble difficile à contrôler, il y aurait un intérêt à mesurer les taux d’interférons de type I et probablement d’autres molécules du système immunitaire, poursuit professeur Isabelle Migeotte, Centre de génétique humaine à Érasme (ULB), qui a participé à l’étude. Chez des patients qui ont des taux bas et pas d’auto-anticorps (les résultats de l’étude génétique ont permis d’en mener une seconde, qui a déterminé que 10 % des patients Covid sévères avaient une pathologie auto-immunitaire et produisaient des auto-anticorps bloquant les interférons), il est très probable que donner des interférons sera utile." Des études avec ce traitement sont d’ailleurs en cours.