Le Nobel de médecine pour la découverte de l’hépatite C

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hepatitis C
En pleine pandémie de Covid-19, le prix Nobel de médecine la saison 2020 est comme un clin d’œil aux scientifiques qui luttent contre le nouveau coronavirus. Ce sont en effet trois chercheurs, dont les travaux ont conduit à la découverte d’un virus responsable d’une autre maladie avec des conséquences majeures de santé publique, l’hépatite C, que le comité Nobel a distingué lundi 5 octobre. Le prix est partagé par les Américains, Harvey Alter et Charles Rice, et un Britannique, Michael Houghton.

A l’échelle planétaire, quelque 71 millions d’individus sont porteurs d’une hépatite C chronique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le virus se transmet par le sang. Le bilan humain est lourd : 400 000 victimes pour l’année 2016, toujours selon les données OMS, principalement par cirrhose ou cancer du foie, qui sont les deux complications principales à long terme de cette infection virale. Les objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) d’ici 2030 pour éliminer le virus de l’hépatite C (VHC) sont clairs : dépister 90% des cas, traiter 80% des patients et faire chuter la mortalité de 65%. « Le facteur de limitation de ce défi mondial n’est plus médicamenteux puisque les nouveaux traitements à action directe sont efficaces à quasi 100%, mais bien lié au dépistage », tempère d’emblée le Pr. Delwaide, ULG. Les professionnels de soins de première ligne sont des acteurs essentiels pour remporter cette guerre.

« La destruction du VHC est un des plus grands succès médicaux de ces dernières années », se réjouit Jean Delwaide, « et c’est une révolution à divers égards. C’est la première fois qu’on peut éliminer une maladie virale par un traitement, et non par un vaccin comme ce fut le cas pour la polio ou la variole (éradiquée depuis 1980, NdlR). Les nouveaux traitements lèvent un poids sociétal important, long de 30 ans, puisque l’hépatite C constitue la première cause de cancer primitif du foie et de transplantation hépatique. Ils soulagent la mortalité, mais aussi la morbidité liée à cette maladie. » 

Autres raisons de se réjouir, les traitements sont aujourd’hui non seulement super efficaces et simplissimes au point de vue compliance (1 à 3 comprimés par jour pendant 2 à 3 mois), mais ils sont aussi quasiment dépourvus d’effets secondaires. Il peut y avoir des interactions avec d’autres médicaments voire des contre-indications pour certaines molécules (ex : en cas d’insuffisance rénale ou de cirrhose décompensée), mais comme la palette de traitements est large et que des molécules alternatives sont disponibles, on peut réellement traiter tout le monde.