L’exposition chronique à des nanoparticules telles que celles utilisées comme additifs alimentaires, fait l’objet d’une grande attention, du fait des possibles altérations du système immunitaire qu’elles peuvent entraîner. L’additif E 551, autorisé en Europe, est utilisé comme anti-agglomérant dans de nombreux aliments en poudre et les études montrent que les nourrissons de 12 semaines à 11 mois, sont les plus exposés. Les conséquences de l’exposition chronique à cet additif ont été évaluées chez la souris. Du silicone a été détecté dans la muqueuse digestive au niveau de l’iléon et du colon chez la souris, et dans les plaques de Peyer au cours de biopsies chez des adultes et des enfants, après l’ingestion de cet additif à des quantités bien inférieures à celles autorisées dans les aliments. L’étude met en évidence que l’exposition chronique au E 551 perturbe l’homéostasie immunitaire intestinale, et favorise la perte de la tolérance orale et une baisse de l’immunité de type Th1 vis-à-vis des allergènes alimentaires. D’autre part, il semble que l’exposition chronique de la souris à l’additif E 551 pourrait agir comme un déclencheur environnemental d’intolérance au gluten chez des animaux prédisposés génétiquement. Il pourrait ainsi s’ajouter à d’autres déclencheurs environnementaux d’intolérance, comme les infections à réovirus ou les infections bactériennes opportunistes. Les auteurs appellent des recherches épidémiologiques sur l’humain, afin de préciser le rôle de l’exposition chronique au E 551 et d’autres nanoparticules dans l’augmentation de la prévalence des sensibilités alimentaires.

Ref :

Lamas B, Martins Breyner N, Malaisé Y, et al. Evaluating the Effects of Chronic Oral Exposure to the Food Additive Silicon Dioxide on Oral Tolerance Induction and Food Sensitivities in Mice. Environ Health Perspect. 2024 Feb;132(2):27007.